La Physique ne s’est pas faite en un jour et combien de phénomènes maintenant expliqués de façon " évidente " ont été source de recherches passionnantes et, parfois, de débats controversés.
Avant - propos
La Physique est née du désir des hommes d’expliquer les
phénomènes naturels et, jusqu’au siècle dernier, le
Professeur de Physique était nommé Professeur de Philosophie
naturelle.
Dans un premier temps, le physicien observe les phénomènes
et note les facteurs qui les accompagnent. Puis, il a recours à
l’expérimentation pour démêler, au milieu des influences
multiples, celle qui appartient à tel ou tel paramètre. Il
tire, alors, des conclusions plus sûres.
L’interprétation peut varier avec les progrès de la science
mais la démarche scientifique consiste à définir les
causes des effets observés et, ensuite, à prévoir
les phénomènes physiques lorsque les causes sont connues.
Dans cette démarche, la première étape est l’établissement
d’une loi de validité restreinte qui fait, en général,
intervenir les mathématiques, à défaut une courbe.
Expliquer une série de phénomènes par une hypothèse,
à partir d’un modèle, permet de remplacer des faits épars
par une théorie à cause de laquelle on peut, par le raisonnement
et par le calcul, déduire des conséquences qui se traduisent
par des faits de même ordre. Si ceux-ci se révèlent
conformes à l’expérience, ils vérifient la théorie
à posteriori et légitiment les hypothèses sur
lesquelles elle est fondée.
On appelle " principes " certaines hypothèses, émises par la généralisation
de faits contrôlés dont on postule la validité en toutes
circonstances et qui, donc, ne peuvent être contredits que par une expérience
nouvelle.
Les principes, les lois valides actuellement en Physique sont le fruit
d’un cheminement qui se confond avec l’histoire de l’homme.
A la question " Pourquoi le Soleil tourne-t-il autour de la Terre ?
", le métaphysicien répondra que le Soleil a des propriétés
qui le font tourner autour de la Terre, il invoquera souvent Dieu, voire
quelques puissances surnaturelles ou quelques obscurantismes.
Le Physicien cherchera ces propriétés, les faits de même
nature, il cherchera à en rendre compte par une théorie qu’il
voudra " universelle ", applicable à " tous " et il se convaincra
que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil.
Chacun comprendra pourquoi, à travers cet exemple, les autres
sciences, y compris humaines et économiques, ont copié la
démarche scientifique du physicien et souvent sa vision de la nature.
Enseignement de la Physique et de la Thermodynamique
L’objectif poursuivi dans le secondaire est défini par la Commission
Nationale des Programmes. Il peut être formulé ainsi : séduire
les élèves en leur proposant des démarches qui s’appuient
sur leur environnement familier, montrer qu’un petit nombre de lois expliquent
des phénomènes variés.
Les enquêtes auprès des lycéens montrent que, malgré
le désir de séduction, l’objectif est peu atteint. L’écueil
fréquent consiste à mélanger la description objective
des faits scientifiques (phénomènes observés et expérimentations)
et leur interprétation, l’évaluation devient l’application
ou non de la " bonne formule mathématique ".
Aussi, dans les classes secondaires, on tend à réduire,
voire à éliminer les aspects mathématiques de la Physique.
Dans les Facultés, l’autonomie des Universités engendre
une situation différente. Il existe une Commission Nationale d’habilitation
des programmes proposés par chaque Université dont le rôle
est de veiller au respect de la loi d’orientation des Universités.
Elle n’a pas à donner de directives pédagogiques car
la dualité " Enseignement-Recherche " du Professeur de l’Enseignement
Supérieur fait qu’il assure tout apprentissage d’une matière
dans sa globalité c’est à dire dans le respect de la démarche
scientifique.
La Thermodynamique n’est pas une branche spéciale des Sciences
Physiques dont l’objet serait l’étude d’une catégorie particulière
de phénomènes, elle est un mode d’étude applicable
à tous, thermique bien sur mais aussi électrique, magnétique,
optique, ... La Thermodynamique établit des relations nécessaires,
indépendantes des mécanismes des phénomènes,
elle fixe des limites aux fantaisies que pourraient avoir phénomènes
et propriétés spécifiques des substances matérielles,
elle pose des impossibilités qui se traduisent par des relations
mathématiques précises.
La Thermodynamique a fait naître l’ère industrielle au
début du 19ème siècle avec l’invention
de la première machine thermique : le moteur à vapeur d’eau.
Or, en cette fin du 20ème siècle, les aspects
thermiques liés aux processus industriels sont rarement sans importance
et les choix scientifiques, économiques, politiques qui en découlent
restent " terriblement " d’actualité.
L’étude des liens, des passerelles entre le domaine macroscopique
et le domaine microscopique a permis récemment des découvertes
très sensibles dans notre appréhension du monde physique.
Cela n’aurait pu être sans les apports de la Thermodynamique.
L’étudiant comprendra qu’il ne peut espérer, aussi "
doué " soit-il, maîtriser sans difficulté un cours
de Thermodynamique dans sa plénitude c’est à dire dans
la complémentarité du phénomène observé,
des expérimentations nécessaires, des hypothèses explicatives
et de la théorie mathématique résultante.
Toutes ces observations et ces réflexions convergent vers un
constat qu'il est important que l’étudiant comprenne : sauf cas
pathologique, son intelligence est le résultat toujours provisoire
de ses efforts pour la développer.
Je ne saurais terminer cet avant-propos,
- sans remercier mes collègues du Laboratoire de Génie
des Procédés pour nos nombreuses conversations fructueuses
et constructives ; nous formons, dans le cadre de l’enseignement de la
Thermodynamique, des transferts thermiques et de masse une équipe
qui, avec le temps, a su dépasser la simple relation de " cher collègue
"
- sans faire référence à tous les collègues
auteurs d’excellents livres d’enseignement (ne pouvant les citer tous,
qu’ils soient remerciés parce qu’ils contribuent à faire
connaître la Science, ils méritent d’être lus).