Transferts d’énergie. Propriétés
de la matière. Bilans énergétiques
Nous limitons nos propos aux variables d’état pression, volume, température et quantité de matière.
On ne saurait être exhaustif dans le domaine des conséquences
des principes. La Thermodynamique est un mode d’étude applicable
bien sur aux phénomènes thermiques mais pas uniquement. Elle
est applicable aux phénomènes électriques, magnétiques,
chimiques, …elle permet des connaissances spécifiques sur les substances
matérielles.
Nous limitons nos propos à ce dernier aspect et à
des notions sur le transfert thermique.
1. Variables intensives et extensives
Nous considérons un système Shomogène,
sous une seule phase, en équilibre. Les variables d’état y
sont uniformes et constantes.
Elles sont liées par une équation d’état f(p, V,
T, n ou m) = 0.
Considérons une partie S’ de S
et notons que dans cette partie pression p et température T
sont inchangées alors que le volume est devenu lV,
la quantité de matière ln ou
lm où l
est compris entre 0 et 1.
Les variables d’état ont un caractère différent. On dira
que pression et température sont des variables intensives,
que volume et quantité de matière sont des variables extensives.
Ainsi si nous écrivons l’équation d’état pour S
sous la forme V = V(T, p, n ou m), elle s’écrira pour S’
lV= V(T, p, ln ou
lm) c’est à dire que la fonction V est une fonction
homogène de degré 1 en n ou en m.
La notation générale que nous utilisons est la suivante :
L’indice M indique qu’une quantité est rapportée
à une mole de matière (on dit molaire), la barre
qu’elle est rapportée à l’unité de masse de matière
(on dit massique).
Nous avons noté le caractère additif des fonctions d’état
U et S ; pour un système homogène, sous une phase,
en équilibre ces fonctions seront extensives. Il en sera, de même,
de la fonction d’état enthalpie H = U + pV , la quantité
pV produit d’une variable intensive par une variable extensive étant
extensive.
2. Travail des forces de pression extérieure
Le piston (paroi mobile en translation) est la technologie la plus simple pour aborder l’échange d’énergie par travail provoquant un changement de l’état interne du système. Les études de technologies liées à des roues mobiles (turbines) sont plus complexes et font l’objet de cours plus spécialisés que celui-ci.
Fig. a - Nous raisonnons sur un piston plan de section S dont
le déplacement est suivant la direction verticale x. Ce cas particulier
n’enlève rien à la généralité de nos propos.
Il est soumis à la force de l’opérateur extérieur de composante
verticale ,
à son poids ,
à la pression de l’environnement ,
à la force tangentielle de frottement de contact (seule
la projection tangentielle travaille) et à la force
qu’exerce le système fluide sur le piston (
est la force exercée par le piston sur le fluide).
Nous cherchons à connaître le travail dW
échangé par le système fluide du à l’action du piston,
soit où
est le vecteur déplacement élémentaire du piston.
L’application du théorème de l’énergie cinétique
au piston permet d’écrire :
Pour le travail de la force de frottement, il s’agit de la vitesse de glissement du piston sur la paroi du cylindre qui, ici , se confond avec la vitesse v du piston puisque le mouvement est une translation.
La pression extérieure est définie par la relation
si bien que le travail échangé s’écrit
où nous avons introduit
variation de volume du système fluide (pour un déplacement du
piston positif, nous avons une diminution de volume du système ce qui
explique l’origine du signe moins).
L’expression de dW est, même
pour ce cas simplifié, difficilement manipulable car il nous faut
connaître le problème mécanique.
Aussi nous envisageons dW,
- pour un travail des forces de frottement négligeable (le but
étant d’échanger du travail avec le système fluide,
les parties mécaniques piston-paroi sont lubrifiées et la
vitesse de glissement est suffisamment faible),
- pour une énergie cinétique négligeable (vitesse
de déplacement du piston suffisamment faible et/ou masse du piston
négligeable),
alors le travail échangé est égal à .
Fig. b - Dans le cas général, le calcul doit être
fait à chaque élément de surface dS sans faire
d’hypothèse sur les directions des forces ou des déplacements.
La pression extérieure au
point M doit être comprise comme la somme de la pression d’environnement
et des projections, suivant la normale à l’élément de surface,
des forces extérieures (force d’opérateur et poids).
Alors
(en négligeant le travail des forces de frottement de contact
et l’énergie cinétique de l’élément de surface)
Remarque : si , le travail est moteur (le système " pousse " sur le milieu extérieur) ; il est récepteur dans le cas opposé.
Cas d’une pression extérieure uniforme
Dans ce cas là, entre deux instants successifs, nous pouvons intégrer
l’expression de
à tous les éléments de surface.
où dV
est la variation de volume du système.
Cas d’une transformation quasistatique, d’une transformation réversible
Le système est en état d’équilibre ou très
voisin d’un état d’équilibre. Les vitesses de déplacement
ou de glissement sont " nulles ".
La pression du système est uniforme et égale à
p.
En écrivant le principe fondamental de la dynamique sur chaque élément
de surface, on obtient :
(transformation
réversible ; cette condition traduit aussi la condition d’équilibre
mécanique sur une paroi mobile)
(transformation
quasistatique)
Le travail échangé devient égal à
Représentation du travail dans un diagramme V, p
= - aire entre la courbe, les droites ,
l’axe V.
Cas d’un cycle : W > 0 si le cycle est décrit dans le sens trigonométrique (ou positif) W < 0 si le cycle est décrit dans le sens inverse (ou négatif). W > 0 le système est récepteur W < 0 le système est moteur |
Ces schémas montrent que le travail des forces de pression extérieure dépend des états initial et final, des états intermédiaires c’est à dire de la transformation amenant de l’état initial à l’état final (on dit du chemin suivi).
3. Propriétés de la matière : détermination des fonctions d’état U, H et S
3.1. Les caractéristiques thermodynamiques des corps homogènes
Ces corps obéissent à une équation d’état
f(p,
V, T, n ou m) = 0.
Pour un système fermé, la quantité de matière
est fixée et ne doit pas être considérée comme
une variable d’état.
Le nombre de variables d’état indépendantes pour ces
systèmes est égal à deux et l’équation d’état
peut être écrite :
V = V(T, p) ou p = p(T, V) ou T = T(p, V) qui
veut dire, par exemple, que le volume V est une fonction des variables
indépendantes T et p.
Les fonctions d’état U, H et S seront des fonctions
de deux variables d’état indépendantes.
L’outil mathématique nécessaire à la Thermodynamique
repose sur le calcul différentiel. Il n’est pas difficile en soi,
il exige de la méthodologie c’est à dire un entraînement
obligé.
Le lecteur pourra utiliser l’annexe " Eléments de Mathématiques
".
3.1.1. Expressions de la quantité de chaleur d Q ; coefficients calorimétriques
Le transfert thermique a pour effet de modifier les variables d’état
du système (le corps homogène). Dans le cas de variation
de la température, on emploie l’expression chaleur sensible.
Les premier et second principes permettent d’écrire, par exemple,
en utilisant les variables d’état T et
V :
;
On obtient une forme générale
que l’on retiendra ainsi que la relation
Suivant le couple de variables indépendantes choisies, en appliquant la même méthode, on obtient trois expressions équivalentes pour .
où CV, Cp, l, h, let m sont appelés coefficients calorimétriques.
On donne à CVet Cp
le nom propre de, respectivement, capacités calorifiques à
volume constant et à pression constante.
Pour un système homogène, dQ
a
un caractère extensif si bien que, compte tenu du caractère
intensif de T et p, du caractère extensif de V,
les coefficients CV, Cp,
h
et lsont extensifs,
les coefficients l et
m
sont intensifs.
; ; ;
, qui sont respectivement les capacités calorifiques massiques à volume constant et à pression constante sont, aussi appelées chaleurs spécifiques à volume constant et à pression constante.
sont les capacités
calorifiques molaires à volume constant et à pression constante.
Le lecteur pourra établir et retiendra les relations
et
L’unité de mesure de ces différents coefficients calorimétriques
se détermine, sans difficulté, à partir de l’analyse
dimensionnelle (équations aux dimensions) ; ainsi, par exemple,
l se mesure, dans le système MKSA en J/m3.
Relations entre les coefficients calorimétriques
Par exemple,
en reportant dans la première expression de dQ
et en identifiant avec la troisième, on obtient les relations
Il est possible de recommencer la procédure autant de fois que
l’on peut et de trouver autant de couple de relations entre les coefficients
calorimétriques.
Le lecteur trouvera ci-après les relations utiles entre les coefficients calorimétriques et nous lui conseillons de savoir les retrouver.
Coefficients thermoélastiques
Ces coefficients (déterminés expérimentalement
et que l’on trouve dans les livres de données thermodynamiques)
permettent d’établir les équations d’état.
coefficient de
dilatation à pression constante
coefficient d’augmentation de pression à volume constant
coefficient de compressibilité isotherme
La relation mathématique
La dérivation de l’équation d’état donne les coefficients
thermoélastiques, l’intégration de deux des coefficients
thermoélastiques fournit l’équation d’état.
Le lecteur trouvera sans difficulté que, pour un gaz parfait,
3.1.2. Conséquences mathématiques des premier et second principes
Variables d’état indépendantes T, V
Les deux différentielles totales exactes obéissent à
la relation de Cauchy.
Par identification et dérivation, on obtient :
Variables d’état indépendantes T, p
Les deux différentielles totales exactes obéissent à
la relation de Cauchy et on obtient :
Remarques
- avec les variables T, V on utilise les fonctions énergie
interne U et entropie S ; avec les variables T,
p il convient d’utiliser les fonctions enthalpie H et
entropie
S,
- les variables p, V sont d’un emploi difficile parce que la variable T apparaît explicitement dans l’expression de dS,
3.1.3. Détermination des fonctions d’état U, H et S
3.1.3.1. Tables de données thermodynamiques
En remplaçant l ou h dans la relation entre coefficients
calorimétriques et
en utilisant la relation entre
, on obtient :
Le coefficient de compressibilité isotherme
est, pour tous les corps, positif ce qui fait que la capacité calorifique
à pression constante est toujours supérieure à la capacité
calorifique à volume constant ().
Si l’équation d’état est connue, les coefficients calorimétriques
l et h sont connus, la différence
est connue, les coefficients l et m
sont connus si
le sont.
Du point de vue de la Thermodynamique, la caractérisation d’un corps homogène nécessite la détermination expérimentale d’un coefficient calorimétrique soit CV soit Cp (en fait Cp ) et de l’équation d’état (ou des coefficients thermoélastiques).
Dans le chapitre " Description macroscopique de la matière ", nous avons traité de la notion d’équations d’état et de leur détermination expérimentale. On trouvera, à la fin de ce chapitre, une annexe intitulée "Calorimétrie " dont l’objet est la détermination expérimentale des capacité calorifiques et des chaleurs latentes.
Les différentielles dU ( ou dH ), dS sont
connues, les fonctions U (ou H ), S aussi à
une constante additive près.
En ce qui concerne l’entropie, le troisième principe de la Thermodynamique
(appelé postulat de Nernst-Planck) précise que l’entropie
est nulle à 0 K.
Pour ce qui est de l’énergie interne ou de l’enthalpie, on définit
un état de référence appelé état standard
qui pour les corps purs correspond à la pression standard ,
la température étant à préciser (souvent on utilise
la température 25 °C).
Tout ceci permet de constituer ce qu’il est convenu d’appeler les tables
thermodynamiques.
On est amené à former, suivant les transformations étudiées,
d’autres fonctions d’état appelées potentiels thermodynamiques.
Nous citerons : l’énergie libre ,
l’enthalpie libre
ainsi que les potentiels thermodynamiques généralisés utiles
pour traiter des phénomènes électriques ou magnétiques.
3.1.3.2. Exemple : le gaz parfait
La méthode est applicable à toute matière dont on a déterminé l’équation d’état et dont on a des renseignements sur l’une des capacités calorifiques.
Coefficients calorimétriques
;
Ce résultat est connu sous le nom de relation de Mayer |
Tous ces résultats théoriques sont conformes aux mesures présentées dans le tableau de résultats de l’annexe " Détermination expérimentale des caractéristiques thermodynamiques ".
L’introduction de
;
Fonctions d’état U, H et S
Energie interne
L’énergie interne d’un gaz parfait ne dépend que de
la température.
Un gaz dont l’énergie interne ne dépend que de la température
obéit à la première loi de Joule.
Ce résultat est validé par l’expérience appelée
détente
de Joule-Gay Lussac.
Pour un gaz monoatomique, est
constant et égal à ,
sauf à des températures très voisines de 0 K où varie
rapidement.
Pour un diatomique, varie
rapidement dans certaines plages de température, en dehors de ces domaines
il est à peu près constant ð
Aux températures ordinaires
Enthalpie
L’enthalpie d’un gaz parfait ne dépend que de la température.
Un gaz dont l’enthalpie ne dépend que de la température
obéit à la deuxième loi de Joule.
Ce résultat est validé par l’expérience appelée
détente
de Joule-Thomson.
Remarque 1
On sait que les valeurs de H se déduisent directement
des valeurs de U (et inversement) à partir de la définition
à savoir :
H = U + pV = U + nRT.
Or et on retrouve
Remarque 2 : un gaz obéissant aux deux lois de Joule est
un gaz parfait
Le gaz obéit à la première loi de Joule :
à
Le gaz obéit à la deuxième loi de Joule :
à
En rapprochant les deux résultats, on obtient
Soit .
En remplaçant y ou j
par sa valeur, il vient pV=KT qui est l’équation d’état
des gaz parfaits.
Un gaz qui obéit aux deux lois de Joule est un gaz parfait.
Entropie
En utilisant les couples de variables indépendantes T, p
ou p, V on obtient des relations similaires.
Dans des domaines de température où g
est constant (c’est à dire où CV
et Cp sont constants) l’intégration
des formules de dS ne présente guère de difficulté.
Etude de quelques transformations pour un système fermé contenant un gaz parfait
Pour toutes les transformations, les capacités calorifiques seront prises constantes
Transformation isochore (V = Cste)
Réalisation : il suffit que les parois
qui délimitent le système soient indéformables et
fixes ; ceci est facilement réalisable pour les systèmes
gazeux, presque impossible pour les liquides ou les solides (dont les
volumes varient peu mais sur lesquels il faudrait exercer des forces très
importantes pour les empêcher de changer de volume) |
Pour une transformation réversible où
la température du système évolue progressivement de ,
on obtient :
et
Pour une transformation irréversible où
la source impose " brutalement " une température ,
on obtient :
, ;
Le lecteur montrera que est positif quelques soient ; il pourra poser .
Transformation isobare (pression extérieure pe )
Réalisation : Le milieu extérieur impose une pression ; dans les états initial ou final, il y a équilibre entre des pressions entre le milieu extérieur et le système ; lors de la transformation, le volume du système varie, sa pression reste constante (transformations quasistatique et réversible) ou devient non-uniforme (transformation irréversible). |
|
; ;
Pour une transformation réversible où
la température du système évolue progressivement de ,
on obtient :
et
Pour une transformation irréversible où
la source impose " brutalement " une température ,
on obtient :
, ;
Le lecteur montrera que est positif quelques soient ; il pourra poser .
Transformation isotherme
Réalisation : Le système est
en contact avec une source de chaleur à température constante
TS ; dans les états initial ou final, il
y a équilibre des températures entre le milieu extérieur
et le système ; lors de la transformation, la température
du système reste constante (transformations quasistatique et réversible)
ou devient non-uniforme (transformation irréversible). |
|
Pour une transformation réversible, et
Autre démonstration : dW
= -pdV = Vdp = -dQ
Les variables p et V ne sont pas indépendantes puisque
liées par l’équation d’état pV=nRTS
On obtient :
Pour une transformation irréversible où
la pression extérieure est
imposée " brutalement ",
Le calcul de l’entropie créée par l’irréversibilité
se fait à partir de : .
Le lecteur montrera que est positif quelques soient ; il pourra poser .
Transformation adiabatique (Q = 0)
Réalisation : Le système est isolé thermiquement de l’extérieur c’est à dire que les parois qui délimitent le système sont imperméables à la chaleur (athermales) ; ceci peut être réalisé par des parois constitués de matériaux non conducteurs de la chaleur ou en éliminant le phénomène de convection et en disposant des écrans anti-rayonnants pour éliminer les échanges par radiations thermiques. Le premier principe s’écrit DU = W, le second DS = Sc . |
|
Pour une transformation réversible, Sc
est nul donc aussi DS (ð
S est constant).
Une transformation adiabatique réversible est une transformation
isentropique.
En exploitant les formules de l’entropie, on obtient une relation suivant
le couple de variables utilisées.
Si g est constant, on retient la relation
vraie à
chaque instant de la transformation, étant entendu qu’il est facile de
passer aux autres couples de variables en utilisant l’équation d’état
des gaz parfaits. Ce résultat est souvent appelé loi de Laplace.
Ainsi, par exemple si le système initialement à pression
et température
évolue jusqu'à un état final où la pression est
, la température
finale est.
Le calcul le plus simple de W se fait à partir de .
On peut aussi faire un calcul direct à partir de .
Pour une transformation irréversible, où, sur le système initialement à pression et température , on impose " brutalement " une pression extérieure constante , on calcule W par deux méthodes,
Nous disposons de deux relations indépendantes, de l’équation
d’état des gaz parfaits dans les états initial et final :
le problème thermodynamique est alors entièrement défini.
En les égalant et en organisant, on obtient
3.2. Etude thermodynamique des changements de phase
3.2.1. Chaleur latente de changement de phase (d’état) d’un corps pur
Lorsque le transfert thermique produit un changement de phase, on emploie
l’expression chaleur latente.
Cette transition de phase s’effectue à température et
pression constantes.
Dans une transformation à pression constante, la quantité
de chaleur échangée est égale à la variation
d’enthalpie. Ce résultat est important car la variation d’enthalpie
ne dépend pas de la transformation elle-même.
Définition
On appelle chaleur latente (massique ou molaire) de changement d’état d’un corps pur à la température T la variation d’enthalpie (de l’unité de masse ou d’une mole) de ce corps passant d’un état (solide, liquide ou gazeux) à un autre état. |
La notation habituelle pour les chaleurs latentes est L. Ainsi
, la variation d’enthalpie pour aller de l’état 1 à l’état
2 est égale à la quantité de chaleur échangée
sur l’isobare.
Les chaleurs latentes de fusion (transition solide à
liquide), de vaporisation (transition liquide à
vapeur) et de sublimation (transition solide à
gaz) sont positives c’est à dire qu’il faut fournir de la chaleur
pour faire fondre un solide, vaporiser un liquide ou sublimer un solide.
Les chaleurs latentes de solidification, de condensation à l’état
liquide et de condensation à l’état solide sont respectivement
opposées à celles de fusion, de vaporisation et de sublimation.
Remarque
Les chaleurs latentes sont très importantes. Nous ne donnons qu’un seul exemple : pour élever 1 kg d’eau liquide de 0 °C à 100 °C, il faut 418 kJ ; pour transformer 1 kg d’eau liquide à 100 °C en 1 kg de vapeur à la même température, il faut 2253 kJ soit environ 4 fois plus.
On trouvera dans l’annexe " Calorimétrie " un certain nombre de résultats expérimentaux et de méthodes de mesure des chaleurs latentes.
3.2.2. Etude énergétique des vapeurs saturantes. Relations
de Clapeyron
Nous raisonnons sur une unité de masse
de corps pur et considérons les deux paliers de liquéfaction
A1A2 et
A’1A’2
à température T et T + dT.
On appelle x le titre de vapeur saturante défini comme étant la proportion en masse de vapeur dans le mélange liquide-vapeur. Pour l’unité de masse de corps, x est la masse de vapeur et 1 - x la masse de liquide. Soit le volume du mélange liquide-vapeur dans l’état A. ; sont des fonctions de T suivant la courbe de rosée et la courbe d’ébullition. |
La pression de vapeur saturante étant une fonction de T, les variables d’état indépendantes pour le mélange liquide-vapeur sont x et T.
Etude énergétique
La quantité de chaleur Q échangée pour passer de A1 à A suivant le palier de liquéfaction est :
L’énergie interne en A sera :
L’entropie en A sera :
On remarquera l’analogie des formules donnant le titre en fonction
des volumes, des enthalpies, des énergies internes et des entropies.
Capacités calorifiques massiques de vapeur saturante et de liquide saturant
Soit dQ’ la quantité de chaleur
échangée dans la transformation allant de A2
à A’2 suivant la courbe de rosée.
est la capacité
calorifique massique de la vapeur saturante.
De même, suivant la courbe d’ébullition, on définit la capacité
calorifique massique du liquide saturant
La capacité calorifique du liquide saturant est très
proche (sauf au voisinage du point critique) de la capacité calorifique
du liquide à volume constant.
La capacité calorifique de la vapeur saturante est inférieure
et très différente de celle de la capacité calorifique
à volume constant de la vapeur sèche. Elle est assez souvent
négative, ce qui veut dire que, pour diminuer la température
d’une vapeur saturante, il faut lui fournir de la chaleur.
Relations de Clapeyron
Pour l’unité de masse de corps, nous considérons la transformation
de l’état A(x, T) à l’état A’’(x+dx, T+dT)
en utilisant l’état intermédiaire A’(x, T+dT).
La quantité de chaleur échangée pour passer de l’état
A à l’état A’’ est :
La variation d’entropie entre A et A’’ sera :
La variation d’enthalpie entre A et A’’ sera :
En écrivant la relation de Cauchy sur les deux formes différentielles
qui sont des différentielles totales exactes et en tenant compte de la
relation ,
on obtient sans difficulté particulière les très importantes
relations de Clapeyron :
Nous nous sommes appuyés sur l’équilibre liquide-vapeur.
Pour
les équilibres liquide-solide et solide-gaz, nous pouvons faire
des raisonnements analogues (en particulier pour les relations de Clapeyron).
Il existe plusieurs démonstrations des relations de Clapeyron, celle (non présentée) faisant intervenir la fonction d’état enthalpie libre et la notion de potentiel chimique nous parait la plus intéressante.
" Justification " des formules de Dupré et Rankine
Loin du point critique,
est très inférieur à
(pour l’eau
et à
100 °C ; la température critique est 374,2 °C), si
on admet que la vapeur sèche jusqu’à sa limite saturante obéit
à l’équation d’état des gaz parfaits.
formule de Dupré
si pour
l’intervalle de température ou formule de Rankine si .
4. Notions de transferts thermiques (d’énergie calorifique)
On appelle échangeur de chaleur le milieu solide qui sépare le système de la source de chaleur. Une paroi de faible épaisseur, de grandes dimensions transversales, est la représentation la plus simple d’un échangeur de chaleur.
La non-uniformité de la température dans un solide entraîne
un
transfert d’énergie d’un point à un autre. Ce transfert qui
se produit sans transport macroscopique de matière est appelé
" Conduction de la Chaleur ".
Dans les systèmes solides, seul ce mode de transfert est possible. Il
est régi par la loi de Fourier. Dans les fluides, il peut être
secondaire par rapport au transfert par convection.
Nous nous limitons à des solides homogènes et isotropes où,
en chaque point, existe un champ de température
Loi de Fourier
Expérimentalement, si la variation spatiale de température n’est
pas trop forte, le vecteur densité de flux de chaleur est égal
à :
La densité de flux de chaleur j (flux
de chaleur par unité de surface transversale )
dans une direction caractérisée par un vecteur unitaire
est :
Ce type d’équation est appelé équation de diffusion,
l’écoulement de chaleur, qui se produit dans le sens des températures
les plus faibles, tend à uniformiser les températures.
Dans le système MKSA, j se
mesure en W.m-2 et
l
en W.m-1.K-1
.
l est appelé conductivité
thermique et traduit l’aptitude d’un matériau à conduire
la chaleur.
Remarque : Lorsque, dans un milieu fluide, existent des gradients de concentration de matière, il se produit des mouvements de matière qui tendent à uniformiser la concentration de matière. Ce phénomène de diffusion de matière est régi par une loi analogue à celle de Fourier appelée loi de Fick.
Quelques conductivités thermiques aux températures
ordinaires
Ordre de grandeur de l à 20 °C |
|
Gaz à la pression atmosphèrique |
|
Matériaux isolants |
|
Liquides non Métalliques |
|
Solides non métalliques |
|
Liquides métalliques |
|
Alliages métalliques |
|
Métaux purs |
|
Ag |
|
Béton brut |
|
H2 |
|
Cu |
|
Verre |
|
He |
|
Al |
|
Plâtre |
|
Ne |
|
Laiton |
|
Bois |
|
O2 |
|
Fe |
|
Laine de verre |
|
N2 |
|
Pt |
|
Polystyrène |
|
Ar |
|
Pb |
|
Eau |
|
CO2 |
|
Ti |
|
Alcool |
|
Kr |
|
Inox |
|
Huile minérale |
|
4.2. Echanges de chaleur à la frontière d’un solide
C’est le mode de transfert que l’on observe
entre un solide et un fluide. Il comprend des phénomènes
de conduction auxquels se superpose un transport de matière, les
molécules du fluide venant se réchauffer ou se refroidir
au contact du solide.
Le transport de matière dans un fluide peut se faire de deux manières :
|
La surface d’un solide émet un rayonnement électromagnétique
complexe d’énergie d’autant plus grande que cette surface est à
température plus élevée .
Ce rayonnement se propage dans les milieux transparents. Lorsqu’il
rencontre un corps, il est totalement absorbé (corps noir), partiellement
absorbé (corps réfléchissants, semi-transparents)
ou pas du tout absorbé (corps parfaitement réfléchissants,
corps transparents). L’énergie absorbée est transformée
en énergie interne.
Le spectre du rayonnement électromagnétique dépend
de la température de surface du corps qui émet, de la nature
du corps et de son état de surface.
L’aptitude d’un corps à réfléchir, transmettre
ou absorber un rayonnement dépend aussi de ces paramètres.
Un bilan énergétique montre que, pour un corps en équilibre
thermique, son aptitude à absorber un rayonnement est identique à
son aptitude à en émettre. On rend compte de cette aptitude par
un coefficient
compris entre 0 et 1, appelé émissivité.
Dans une direction ,
la puissance énergétique spectrale (flux énergétique)
d’un rayonnement de longueur d’onde compris entre ,
émis (ou absorbé) par un élément de surface
dans un angle solide
par la relation :
où
est l’angle entre
et et
l’émissivité spectrale dans la direction qui traduit l’aptitude
du corps à émettre ou absorber.
est la luminance
spectrale du corps noir qui est un corps qui absorbe tout rayonnement
[].
Suivant une théorie de Planck introduisant la notion de quantum
d’énergie,
La valeur correspondant
à un maximum de la luminance spectrale est donnée par la loi de
Wien, à savoir
L’émissivité des corps obéissant à la
loi de Lambert ne dépend pas de la direction, par suite
La quantité est appelée émittance spectrale
Pour des corps ternes (dit gris ; cas des peintures non métalliques,
des matériaux servant dans la construction), on peut considérer
que .
On en déduit la densité de flux énergétique par
rayonnement :
La densité de flux d’énergie émis par un corps sous forme
de rayonnement électromagnétique par un corps à température
T est égale à
où
est la constante de Stéfan-Boltzmann.
Pour des corps métalliques polis (brillants et donc réfléchissants),est
spectral et directionnel. Ses valeurs sont de l’ordre de 0,05 à 0,3.
Les échanges d’énergie par rayonnement entre deux corps
dépendent de leur position relative.
En restant très élémentaire, la densité de flux
de chaleur échangée par rayonnement est :
est une fonction des émissivités des surfaces et de leur position relative.
5. Bilans énergétiques simples faisant intervenir les transferts thermiques
5.1. Paroi solide inerte d’échangeur en régime permanent
Pour ce type de système, il n’y a pas, au cours du temps, de
variation de son énergie totale, ni d’échange de travail
avec le milieu extérieur puisque le volume est constant.
Le principe de conservation de l’énergie impose qu’à
chaque instant la chaleur échangée est nulle.
Mathématiquement, on écrit que le flux de chaleur
échangé par le système est nul (à chaque instant,
le flux de chaleur
" entrant " est égal au flux de chaleur
" sortant ", soit
puisque le régime est permanent).
Dans le cas particulier où, dans le bilan énergétique, seuls interviennent des échanges de chaleur, on emploie l’expression bilan thermique.
5.1.1. Paroi en forme de " mur "
En thermique, on appelle " mur " un système où les échanges
de chaleur se produisent suivant une direction cartésienne, par
exemple x.
représente
donc le champ de température en régime permanent.
Le bilan thermique est fait sur un élément
de volume adapté, dans ce cas celui compris entre les faces x
et x+dx de surface transversale S arbitraire.
Le flux de chaleur " entrant " par conduction par la face x est égal à , celui " sortant " par la face x+dx est égal à . |
Le bilan thermique consiste à écrire que le flux de chaleur
qui entre est égal à celui qui sort.
Ainsi
(on trouve ,
cas particulier, pour un mur inerte en régime permanent, de l’équation
de la chaleur).
La résolution, avec les deux conditions aux limites
et , conduit
à
et
Remarque : utilisation " d'ailettes ou barres " pour augmenter les échanges de chaleur
On place, aux frontières de la paroi, des solides de forme particulière
appelés " ailettes ou barres ". L’augmentation des échanges
de chaleur (diminution de la résistance thermique) est obtenue par
l’augmentation de la surface d’échange avec les fluides extérieurs.
Ces solides sont de forme allongée, c’est à dire possèdent
des dimensions transversales faibles par rapport à la troisième
dimension.
Le gradient de température a lieu principalement dans le sens
de cette dernière direction. Chaque section transversale est, en
première approximation, à température uniforme ce
qui n’est pas contradictoire avec le fait de considérer des échanges
de chaleur suivant ces directions jusqu’au contact avec le fluide extérieur.
L’ efficacité
d’une ailette est définie par le rapport du flux de chaleur échangé
par l’ailette au flux de chaleur qui serait échangé si elle n’existait
pas.
Le bilan thermique entre la section x
et la section x + dx conduit à :
ð
sont respectivement
la section et le périmètre en x. |
Ailettes à section uniforme (rectangulaire ou circulaire)
Pour la section rectangulaire,
Pour la section circulaire,
La solution est si :
|
Le flux de chaleur évacué par l’ailette peut être
calculé de deux manières :
- en calculant le flux de chaleur du aux coefficients d’échanges
suivant les éléments de surface en contact avec l’extérieur,
- en calculant (plus agréable) le flux de chaleur entrant par
conduction dans l’ailette.
Pour une ailette très longue (semi-infinie), on obtient
:
(le lecteur
reprendra la résolution avec
ou fera tendre L vers l’infini dans les résultats de l’ailette
finie ; dans ce dernier cas, il obtiendra la condition ).
L’efficacité de cette ailette est
Un bilan thermique entre deux sections quelconques prises dans chacun
des deux murs conduit à :
|
Le problème posé est celui de l’écart .
L’extrapolation jusqu’au contact du champ de température dans le milieu
1 conduit à la valeur
qui est, à priori, différente de température
d’extrapolation jusqu’au contact dans le milieu 2.
Pour tenir compte de cet écart, on introduit une résistance
thermique supplémentaire appelée résistance thermique
de contact suivant la relation
Les valeurs de la résistance de contact sont sensibles
si la conductivité du fluide interstitiel est très différente
de celles constituant les matériaux en contact, donc dans le cas
de matériaux en contact conducteurs.
Si l’écart
est négligeable, on dit que le contact est parfait.
On remarque, de plus, que
5.1.2. Paroi à symétrie de révolution. Paroi à symétrie sphérique
Symétrie de révolution autour d’un axe
;
où r est la distance à l’axe et L une longueur axiale arbitraire.
et
.
représente la résistance thermique ().
Symétrie sphérique
; où r est la distance au centre de symétrie.
et
représente la résistance thermique ().
5.2. Bilans énergétiques pour un solide en régime transitoire
Entre deux instants successifs t et t + dt, le premier
principe de la Thermodynamique pour un système peut être écrit
:
où
5.2.1. Cas où la température du solide est uniforme
On considère un milieu de volume V,
de surface S, de capacité calorifique ,
siège d’une dissipation d’énergie de puissance .
La température extérieure est constante, celle du milieu est uniforme . On appelle h le coefficient d’échange traduisant les échanges de chaleur par convection et/ou rayonnement. |
Le bilan thermique conduit à , soit
En régime permanent, on obtient
5.2.2. Equation de la chaleur
On considère un élément
du milieu quelconque, suffisamment petit pour être homogène,
de volume V, limité par une surface S.
|
et respectivement la masse volumique et la capacité calorifique massique à pression constante du milieu (on remarquera que, dans le cas d’une évolution à volume constant, il conviendrait de remplacer la capacité calorifique à pression constante par celle à volume constant et que la différence n’est significative que dans le cas des gaz).
Pour des conductivités thermiques indépendantes de la température
et des milieux isotropes, on obtient :
est la diffusivité
thermique (m2.s-1).
5.3. Bilan énergétique pour un fluide
en écoulement permanent
L’écoulement permanent d’un fluide s’effectue
à pression constante.
Il reçoit un flux de chaleur si bien que sa température évolue d’une valeur amont (à l’entrée) à une valeur aval (à la sortie) . Une quantité de masse dm de fluide échange la quantité de chaleur si on néglige, pour le fluide, toute variation d’énergie cinétique et potentielle |
Par unité de temps, on écrit
où
est le flux de chaleur échangé par le fluide.
La calorimétrie a pour objet la mesure des capacités calorifiques et des chaleurs latentes de changement d’état.
1. Mesure des capacités calorifiques
1.1. Méthodes de mesure pour les solides, les liquides
En réalisant une transformation isobare, on détermine expérimentalement
Cp . On calcule CV
à partir de .
En fait les écarts relatifs
restent faibles, 5% pour l’aluminium, 4% pour l’or, 3% pour le cuivre et l’argent,
... de l’ordre de grandeur des erreurs de mesures.
La méthode des mélanges
Un vase est rendu pratiquement adiabatique par une enveloppe isolante (ou un système d’isolation complexe). Un tel système est appelé calorimètre adiabatique. On y introduit une masse d’eau de capacité calorifique massique à pression constante . Soit la température initiale de l’eau et du vase supposés en équilibre thermique. Un corps solide de masse M est extrait d’une étuve où il était en équilibre à température (en général, on choisit ). On plonge le solide de capacité calorifique massique à pression constante dans le calorimètre le plus rapidement possible et on referme le couvercle. |
On agite afin d’atteindre un équilibre à température finale
au plus vite.
Soit m la masse d’eau qui échangerait
d’un point de vue thermique comme le vase et les accessoires (agitateur,
capteur de température).
La transformation est irréversible, isobare à la pression de
l’environnement (le plus souvent pression atmosphérique).
Pour le système, corps solide + calorimètre, la quantité
de chaleur, donc la variation d’enthalpie, est nulle.
L’enthalpie est une fonction d’état, sa variation ne dépend que
des états initial et final.
soit
Cette méthode nécessite la mesure préalable de m qui pourra être faite par la méthode électrique que nous allons voir ou en faisant une expérience préalable avec une masse m’ d’eau à température connue à la place du solide.
La méthode électrique
Particulièrement adaptée pour les liquides, elle consiste
à chauffer le liquide enfermé dans le calorimètre
adiabatique à l’aide d’une résistance électrique.
La connaissance de l’énergie électrique fournie et de l’élévation
de température permet la mesure de la capacité calorifique.
V : tension aux bornes de la résistance ; I : courant électrique
; m : masse du liquide ;
capacité calorifique massique à pression constante du liquide
; m : valeur en eau du calorimètre; :
capacité calorifique massique à pression constante de l’eau ;
DT : élévation de température.
Remarques :
- un calorimètre n’est jamais parfaitement adiabatique (des
corrections sont nécessaires faisant appel aux transferts thermiques),
- dans les microcalorimètres, on n’empêche pas les pertes
thermiques, on les favorise mais on en tient compte avec précision,
- il s’agit, sur l’intervalle de température, des valeurs moyennes
des capacités calorifiques d’où l’intérêt de
travailler pour des écarts de température les plus faibles
possibles,
- en Transferts Thermiques (Conduction de la chaleur), d’autres méthodes
existent.
1.2. Méthodes de mesure pour les gaz
Ces mesures sont difficiles en raison de la faiblesse des masses volumiques
des gaz et de l’obligation de les enfermer dans des calorimètres
dont la capacité calorifique est souvent plus importante que celle
du gaz.
On mesure
et l’on déduit
soit de la formule ,
soit de la mesure de.
Une méthode de mesure de
d’un gaz est connue sous le nom de méthode du courant stationnaire.
Elle est adaptée aux liquides.
Une méthode de mesure de g est connue sous le nom d’expérience de Clément et Desormes.
Un autre processus de mesure de g porte le
nom de formule de Reech.
Nous avons introduit le coefficient de compressibilité isotherme,
nous introduisons celui de compressibilité adiabatique
et remarquons que
en un même état.
Ainsi,
.
Traçons dans un diagramme V, p (diagramme
de Clapeyron) l’isotherme passant par le point A0
de coordonnées (p0 , V0).
Les dérivées
représentent l’inverse de la pente de ces courbes et on obtient :
En un même point, la pente de l’adiabatique, dans un diagramme V, p, est toujours plus accentuée que celle de l’isotherme. |
1.3. Résultats
Cas des solides
Le tableau ci-dessous donne la capacité calorifique massique et molaire à pression constante pour différents corps simples à température et pression ordinaires ainsi que les masses molaires M.
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M en g |
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En fait varie avec la température (fonction croissante) et, pour tous les corps, tend vers 0 si la température tend vers 0. Si la température est suffisante, atteint une valeur limite autour de 3R. Pour les éléments légers aux températures ordinaires, la valeur limite n’est pas atteinte. |
Certaines substances solides présentent
plusieurs structures cristallines (on dit aussi plusieurs variétés
allotropiques) et, à l’intérieur de l’état solide,
il y a changement de phase ou d’état.
L’expérience montre que dépend de la structure cristalline : lors du passage d’une variété allotropique à une autre, les propriétés physiques subissent des discontinuités. La mesure de est un excellent moyen de mettre en évidence les transitions de phase de l’état solide. |
Cas des liquides
Il n’y a pas de loi simple. Pour de nombreux liquides, on trouve un de l’ordre de 2000 j.kg-1.K-1 exception faite de l’eau dont la valeur est double. Cette propriété, jointe au fait que c’est un produit bon marché, fait de l’eau un fluide caloporteur (porteur de chaleur) de grand intérêt, très employé dans les circuits de refroidissement des moteurs, dans le chauffage central, dans les machines thermiques, ... |
Cas des gaz
Le tableau ci-après et les courbes représentées rassemblent les principaux résultats.
Commentaires : Les résultats sont donnés pour une
pression atmosphérique normale pour laquelle, en première
approximation, les gaz réels ont un comportement de gaz parfait.
Les courbes traduisent les évolutions de
avec la température, des différences apparaissent avec l’atomicité.
La valeur de
est égale à R quelque soit le gaz.
A la température T = 0 K, la valeur de
est nulle. Elle évolue très rapidement (entre 0 et 1K)
vers la valeur
quel que soit le gaz.
Les gaz monoatomiques gardent cette dernière valeur quelque
soit la température.
Les autres gaz subissent deux évolutions pour ,
l’une autour de 150 K, l’autre autour de 1500 K.
Pour les diatomiques,
atteint la valeur ,
puis . Pour
une atomicité supérieure, les résultats sont plus complexes.
Ils dépendent de la forme de la molécule et de son atomicité.
On atteint d’abord ,
puis une valeur plus élevée.
2. Chaleurs latentes de changement de phase
2.1. Définition
A pression constante, la variation d’enthalpie
est égale à la quantité de chaleur échangée
dans la transformation.
On appelle chaleur latente (massique ou molaire) de changement de phase d’un corps pur à la température T la variation d’enthalpie (de l’unité de masse ou d’une mole) de ce corps passant d’un état (solide, liquide ou gazeux) à un autre état. |
La notation habituelle pour les chaleurs latentes est L. Ainsi , la variation d’enthalpie pour aller de l’état 1 à l’état 2 est égale à la quantité de chaleur échangée sur l’isobare.
2.2. Mesure des chaleurs latentes
Chaleur latente de fusion
On utilise un calorimètre adiabatique maintenu à une température
constante
légèrement supérieure à la température de
fusion du
corps à étudier. On y introduit une masse m de ce corps
à une température
légèrement inférieure à
(le corps est donc en phase solide) ; on maintient la température du
calorimètre constante à l’aide d’une résistance immergée
dans le calorimètre et parcourue par un courant électrique réglable.
, si Q
est la quantité de chaleur fournie par effet Joule,
les capacités calorifiques massiques du corps à l’état
solide et liquide et
la chaleur latente massique de fusion du corps.
Chaleur latente de vaporisation
Appareil de Richards |
Un vase Dewar est traversé par un tube
T ouvert à ses deux extrémités. Ce tube se raccorde
à un serpentin S plongé dans un calorimètre adiabatique.
Le serpentin aboutit à un réservoir de condensation R et
communique avec l’atmosphère par le tube A . L’ébullition
du liquide placé dans le vase Dewar a lieu ainsi sous la pression
atmosphérique.
Des gouttes liquides peuvent provenir d’une légère condensation qui se produit dans la vapeur en montant dans le vase Dewar. Elles sont vaporisées à nouveau lorsqu’elles traversent le fond dans le tube T et la vapeur arrivant dans S est sèche. L’égalité de température entre le calorimètre et l’enceinte E est obtenue en faisant tomber de l’acide dans la solution de soude contenue dans E. |
L’appareil est entièrement clos et la
pression intérieure est obtenue grâce à une atmosphère
artificielle (réservoir de 600 litres pouvant supporter des pressions
inférieures à 20 atmosphères). Un robinet R permet
de mettre la chaudière en communication soit avec un condenseur
C, soit avec un serpentin de condensation S.
Au début, la chaudière communique avec le condenseur et on chauffe le liquide (eau) jusqu’à ébullition ; les vapeurs viennent se condenser dans C. |
Quand la distillation est devenue régulière, on met la
chaudière en communication avec le serpentin. La vapeur sèche
qui arrive s’y condense et quand l’expérience a duré assez
longtemps, on remet la chaudière en communication avec le condenseur,
puis on recueille avec le robinet r l’eau condensée en S.
Désignons par m la masse du liquide condensé,
sa capacité calorifique massique,
sa chaleur latente de vaporisation sous la pression considérée
à la température
et la valeur
en eau du calorimètre dont la température initiale est
et la température finale .
Le bilan énergétique s’écrit :
On produit la vaporisation par le passage d’un
courant d’intensité I dans une résistance R
immergée dans le liquide.
Si, pendant le temps , on vaporise, en régime permanent à la température , une masse de liquide m, on a l’équation . La vaporisation est produite dans une enceinte close A, très robuste. La vapeur se dégage par un ajustage muni d’un robinet R. Elle se condense d’abord dans un condenseur auxiliaire jusqu’à ce que l’on obtienne un régime permanent. La vapeur est ensuite condensées dans C, recueillie par le robinet r’ et pesée. Soit m la masse du liquide vaporisé, m’ celle de la vapeur qui est sortie de la chaudière (que l’on a recueillie par condensation), les volumes massiques du liquide et de la vapeur. |
L’augmentation de volume
produite par la vaporisation est égale au volume de vapeur sorti
de la chaudière ð.
m diffère d’autant plus de m’ que l’écart
est plus faible c’est à dire que l’on s’approche de la température
critique.
Le tableau ci-après donne les valeurs pour l’eau.
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2.3. Résultats
Chaleur latente de fusion
Sous la pression atmosphérique, pour différents corps
:
- 333 kj/kg pour l’eau à 0 °C,
- 20,5 kj/kg pour le phosphore à 44 °C,
- 22,5 kj/kg pour le plomb à 327 °C.
Chaleur latente de vaporisation
Les chaleurs latentes de vaporisation diminuent
avec la température et atteignent une valeur nulle au point critique
puisque phases liquide et gazeuse sont identiques.
On utilise souvent des lois empiriques du type dans un intervalle de température. Ainsi pour l’eau entre 100 et 200 °C, |
Nous donnons ci-après quelques chaleurs latentes massiques de
vaporisation exprimées en kj/kg sous une pression d’un atmosphère.
Ammoniac 1425 ; Benzène 393 ; Dioxyde de Carbone 594 ; Eau 2253
; Dioxyde de Soufre 397 ; Ethanol 903
L’importances des valeurs des chaleurs latentes et, plus particulièrement, de celles de vaporisation justifie l’utilisation des changements de phase dans beaucoup de machines thermiques.
Les chaleurs latentes de fusion, de sublimation et de vaporisation sont positives, celles de solidification, de condensation à l’état solide et de condensation à l’état liquide sont respectivement opposées.