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Interférences en Optique
 
 
Plan

1. Interférences par division de front d'ondes
1.1. Interférences à deux ondes (dispositif des fentes d'Young)
1.2. Interférences à plusieurs ondes (réseaux)
2. Interférences par division d'amplitude
2.1. Interférences à deux ondes
2.2. Interférences à ondes multiples (lame à faces parallèles à coefficient de réflexion important)

Les illustrations et animations de Yves Cortial et Jacques Charrier
Zone de cohérence et localisation des interférences
Optique Physique

                     CABRI

En Optique, la qualité du tracé des rayons lumineux est essentielle à la compréhension et l'auteur vous conseille vivement le remarquable travail d'Yves Cortial et Jacques Charrier

Plan

1. Interférences par division de front d'ondes
1.1. Interférences à deux ondes (dispositif des fentes d'Young)
1.2. Interférences à plusieurs ondes (réseaux)
2. Interférences par division d'amplitude
2.1. Interférences à deux ondes
2.2. Interférences à ondes multiples (lame à faces parallèles à coefficient de réflexion important)

Dans le chapitre " Généralités sur les phénomènes de propagation ", nous avons étudié les conditions d’existence d’un phénomène d’interférence, en particulier les notions de cohérence temporelle et de cohérence spatiale.
Avec les lasers, sources de lumière extrêmement monochromatiques, des progrès saisissants et extraordinaires on été faits en interférométrie optique.
Nous avions noté deux possibilités de réalisation d’interférences, par division du front d’ondes ou par division d’amplitudes ( à incident unique).

1. Interférences par division de front d’ondes

1.1. Interférences à deux ondes (dispositif des fentes d’Young)

Les fentes rectangulaires infiniment longues ont pour largeur 2a et leurs centres  et  sont distantes de 2h. La source ponctuelle S est dans le plan médiateur des deux fentes à distance d.
Dans le dispositif de droite, l’observation est faite sur un écran à distance D des fentes, dans celui de gauche l’observation est faite dans le plan focal image d’une lentille de focale f . Ces distances sont telles que d, D, f >>2h.
Sauf indication contraire, le milieu où se propage la lumière est l’air ().

Il existe un phénomène de diffraction par les fentes que nous ne considérons pas à ce stade et sur lequel nous reviendrons lors de l’étude de l’interférence de N ondes (réseaux). Ceci revient à dire que la largeur des fentes est très faible (la largeur angulaire de la diffraction est importante) ou " qu’il ne passe qu’une seule onde par chacune des fentes "

Dans le dispositif de gauche, la différence de marche entre deux rayons distants de 2h au niveau des fentes est :

Dans le dispositif de droite,
, les deux formules sont identiques en substituant D et f.
Pour avoir l’état vibratoire en P, il convient de faire la sommation des deux états vibratoires.
soit 
L’ intensité lumineuse passe par une succession périodique de maxima  et de minima (où l’intensité est nulle) appelés franges d’interférence et obtenus respectivement pour  et .

On appelle interfrange la distance entre deux maxima ou minima successifs : 
Les franges sont non localisées puisque, visualisables dans tout l’espace au delà des fentes.

D’autres systèmes tels que les miroirs de Fresnel, la bilentille de Billet ou le biprisme de Fresnel permettent la division en deux ondes.

Dans ces systèmes les franges ne sont pas localisées, on peut les voir dans des larges domaines de l'espace.

Inversement dans des dispositifs tels que les lames à faces parallèles ou le coin d'air, les franges ne seront obervables que dans des régions particulières (à l'infini pour les lames à faces parallèles, sur "le coin d'air"). On dit que les franges sont localisées.

Cohérence temporelle
Le problème de la cohérence temporelle a déjà été étudié, dans le chapitre " Généralités sur les phénomènes de propagation ", à partir de la formule précédente pour une source émettant continûment entre, on obtient un contraste égal à  qui devient inférieur à 0,22 si . On considère alors que le contraste est trop faible pour voir le phénomène d'interférence.

représente la différence de temps de marche entre les deux rayons et la condition pour qu'il y ait interférence peut être exprimée  où  est appelé temps de cohérence.

Cohérence spatiale
Nous reprenons sur cet exemple la notion de cohérence spatiale.
Une source élargie doit être considérée comme une succession continue de sources ponctuelles indépendantes entre elles puisque les groupes d’atomes qui émettent sont différents.
On remarque que, pour une source élargie suivant la direction z, la différence de marche au point P est la même quelque soit la source ponctuelle. Chaque source va produire des figures d’interférences identiques qui, par sommation, vont se renforcer.
Le cas intéressant est celui d’une source de largeur 2L perpendiculairement à l’axe des z.
Nous repérons une source ponctuelle par sa position x. En considérant  , on introduit une différence de marche supplémentaire égale à si bien que qu’une source ponctuelle de " largeur dx " produit une intensité 

Après intégration, 

Le contraste  diminue lorsque L augmente. On considère que les franges ne sont plus visibles si soit 

1.2. Interférences à plusieurs ondes (réseaux)

Un réseau plan est constitué de N fentes infiniment longues de largeur 2a, la distance entre les centres de deux fentes successives est 2h.
Une source ponctuelle placée au foyer objet d’une lentille éclaire le réseau en lumière parallèle sous une incidence . Après franchissement des fentes, on observe les interférences à l’infini sous une incidence i. La figure d’interférence est ramenée dans le plan focal image d’une lentille de focale f.
Pour considérer le phénomène de diffraction, nous avons dessiné une fente, un rayon lumineux passant par son centre et un repéré par son position x par rapport au centre.
La différence de marche entre deux rayons séparés de 2h est égal à , celle entre deux rayons distants de x est égal à où .
Les fentes sont numérotées 1, 2, … , p , … , N et le rayon passant par le centre de la première fente est pris comme origine des phases.
La différence de marche entre ce rayon et celui passant par l’abscisse x de la fente p est égal à .
L’état vibratoire de ce rayon est donc proportionnel à
Pour trouver l’état vibratoire total , il convient de faire la sommation à toutes les fentes et à toutes les ondes traversant une fente.
Par suite,  où 


                                                                                Interférence Diffraction

L’intensité (ou l’état vibratoire) apparaît comme le produit de la " fonction interférence " de l’ensemble des fentes par la " fonction diffraction " d’une fente : ce résultat est général.
Le paramètre u est commun aux deux fonctions dans le cas des réseaux plans, il est différent dans le cas des réseaux "échelettes". Cette différence est importante dans le calcul du pouvoir de résolution des réseaux.

Dans le cas général,  avec u et u’ inversement proportionnels à 
Le lecteur pourra montrer que dans le cas de deux fentes () et de la figure de droite  et

1.2.1. Etude mathématique de l’intensité

Etude de la fonction interférence 

Le numérateur s’annule pour  où 

Le dénominateur s’annule pour  où 

Lorsque le dénominateur s’annule, le numérateur aussi (), la fonction interférence a une valeur maximale égale à 1 qui correspond aux maxima principaux ou pics d’interférence. La valeur de K est l’ordre du maximum principal.
Entre deux maxima principaux, il y a valeurs de m qui annulent le numérateur sans que le dénominateur soit nul.
Entre ces valeurs nulles, le numérateur atteint la valeur maximale 1 sans que le dénominateur s’annule : ce sont les maxima secondaires (leur intensité est beaucoup plus faible que l’intensité des maxima principaux si N est grand).

Etude de la fonction diffraction 

Elle est maximale pour  et s’annule pour où 
Entre deux valeurs nulles, il existe des maxima de faibles valeurs, respectivement égaux en s’éloignant de  à , … si bien que l’on considère que la fonction diffraction a des valeurs non nulles pour 

Représentation

La figure est centrée sur , la courbe de diffraction modulant la figure d’interférence. Seule est exploitable en u’ une largeur égale à 1/a. Le nombre de maxima principaux situés dans cet intervalle est inférieur à .
Si , il existe un maximum principal () de valeur égale à  au centre.
Si  le maximum principal de plus forte valeur ne coïncide pas avec le centre, K étant à priori différent de 0.
La largeur en u d’un pic d’interférence est égal à .

1.2.2. Pouvoir de résolution d’un réseau

Nous considérons une source émettant deux longueurs d’onde voisines notées  et deux maxima respectifs de même ordre K.
ð

Dans le cadre de l’approximation de Gauss, cette relation s’écrit 
Les deux pics seront distincts dans le réseau si leur distance angulaire est supérieure à la demi-largeur angulaire d’un pic qui est égal à  (cette condition revient à dire que le maximum d’un pic est au moins au delà de la valeur nulle de l’autre).
Ainsi,  ð qui est appelé pouvoir de résolution du réseau.
Plus ce nombre est élevé, plus le réseau est capable de séparer des lumières proches en longueur d’onde (ou en fréquence).
Un réseau est d’autant performant qu’il a un nombre de " fentes " élevé et que l’on peut le faire travailler avec un nombre  élevé.
Pour cette dernière condition, il convient que la largeur de diffraction 1/a soit la plus large possible et de concevoir (ce qui n’est pas le cas du réseau présenté) des réseaux tels que .
Pour réaliser des réseaux de ce type, on produit des variations d’épaisseur ou d’indice (réseau à marches, réseau blazé, réseau acousto-optique).
Pour un réseau du type présenté, de largeur 2,5 cm ayant 5000 traits (fentes) par cm et pour le deuxième ordre, on obtient  pour 

2. Interférences par division d’amplitude

2.1. Interférences à deux ondes

2.1.1. Lame à faces parallèles à coefficients de réflexion faibles
 
La lame à faces parallèles d’épaisseur e a pour indice n.
Un rayon incident noté 0 se réfléchit et se transmet sur la face d’entrée de la lame. Sur la face de sortie, les rayons sont partiellement réfléchis et transmis.
Les rayons impairs interfèrent à l’infini coté face d’entrée, les rayons transmis pairs interfèrent à l’infini coté face de sortie.

Sur la face d’entrée, les coefficients de réflexion et de transmission en intensité sont respectivement R et T, sur la face de sortie ces coefficient sont égaux à R’ et T’. La lame est transparente c’est à dire que R et R’ sont faibles,  et  sont voisins de 1.
; …

; …

On constate que  et  sont de valeurs semblables alors que  beaucoup plus faible n’interviendra pas dans le phénomène d’interférence.
est beaucoup plus faible que , le phénomène d’interférence en transmission sera négligeable.
Les rayons qui interfèrent sont parallèles, la figure d’interférence est localisée à l’infini, c’est à dire dans le plan focal image de la lentille.
L’intensité en P est égal à : où  est la différence de marche entre les rayons 1 et 3.

(ce dernier terme est introduit par la réflexion sur la face de sortie, réflexion d’un milieu plus réfringent sur un milieu moins réfringent ; la démontration se fait à partir des équations de Maxwell à la séparation de deux milieux).
On remarquera aussi que des incidents parallèles au rayon 0 produisent les mêmes interférences, la source peut être étendue.

2.1.2. Coin d’air
 
Le coin d’air est constitué de deux lames à faces parallèles faisant un angle  entre elles. Nous négligerons leur épaisseur.
La figure de droite nous montre le trajet des rayons dans les lames et l’existence d’une réflexion d’un milieu plus réfringent sur un milieu moins réfringent qui introduit unedifférence de marche supplémentaire .

Les coefficients de réflexion sont faibles et l’interférence se produit au point P(x,y,z) entre les rayons 1 et 2.
Les différents vecteurs d’onde s’écrivent :  où 

Les états vibratoires des rayons 1 et 2 sont égaux à :  et 

L’intensité résultante est .

On montre que :
où le vecteur unitaire 
Les interférences se produisent dans le plan (, les maxima correspondant à , les minima à .
L’ interfrange  est la distance entre deux maxima ou deux minima successifs : qui traduite sur l’axe x du coin d’air donne 
Généralement  reste petit et, souvent, le coin d’air est étudié sous incidence normale ().
Sous ces conditions, les interférences se produisent sur " le coin d’air ",  et .

La différence de marche qui, outre le terme , est la différence des longueurs de trajet entre les deux rayons à l’intérieur du coin d’air, est facile à calculer directement :  .
Pour l’appareil dit " des anneaux de Newton ", on fait reposer la théorie sur ce résultat.

2.2. Interférences à ondes multiples (lame à faces parallèles à coefficient de réflexion important)
 
Pour avoir un coefficient de réflexion voisin de 1 sur chacune des faces, on dépose une couche de métal évaporé.
Le système va fonctionner en transmission.
La différence de phase entre deux rayons successifs est égal à :
où  .
Soit R le coefficient de réflexion énergétique que l’on suppose être le même sur chacune des faces.

ð

où  et 

est appelé la fonction d’Airy.

Cette fonction est maximale (pics d’interférence) pour .

Pour trouver la largeur des pics, nous posons  et cherchons les valeurs pour lesquelles la fonction d’Airy est la moitié de sa valeur maximale.
On obtient 

Les pics seront étroits () si M (c’est à dire R) est élevé.

Ainsi  et la largeur des pics est .

Interféromètre de Fabry-Pérot

Cet appareil est très largement utilisé comme spectromètre à haute résolution ainsi que comme cavité optique résonnante dans les lasers.
Dans le cas du spectromètre, il s’agit d’une lame d’air ð
Cet appareil sert à l’analyse de longueurs (étalon) ou à l’analyse des distributions spectrales des sources lumineuses.

Dans une cavité optique, les radiations transmises sont celles qui réalisent la condition d’interférence constructive des ondes multiples : m est entier.

En incidence normale .

Les radiations obéissant à la relation 

Afin de n’avoir dans le domaine du visible que la seule radiation , on prend généralement m égal à 1.

Autres interféromètres

L’interféromètre de Michelson est le plus célèbre à cause de l’expérience de Michelson et Morsley (1887) dont l’interprétation des résultats sont à l’origine de la Relativité.
Les salles de travaux pratiques en sont souvent dotées parce qu’il permet l’étude des coins d’air et des lames d’air à faces parallèles.
Il convient aussi de citer l’interféromètre de Mach-Zehnder et l’interféromètre de Sagnac.

2.3. Franges d'égale épaisseur (franges de Fizeau) et franges d'égale inclinaison (franges d'Haidinger)

Dans le cas des lames à faces parallèles où l'épaisseur est fixée, la différence de marche (donc l'intensité lumineuse) dépend de l'inclinaison des rayons. On parle de franges d'égale inclinaison dite d'Haidinger.
Au contraire, dans des dispositifs tels que le coin d'air ou les anneaux de Newton, la différence de marche (donc l'intensité lumineuse) dépend de l'épaisseur (l'inclinaison des rayons est fixée). On a affaire à des franges d'égale épaisseur dite de Fizeau.