CHAPITRE 6 : Résolution par utilisation de la transformée de Laplace
Plan
1. Définition de la Transformée de
Laplace et conditions d’existence>/a>
2.Propriétés de la Transformée
de Laplace
3. Utilisation de la Transformée de Laplace
à partir de Tables
4. Inversion numérique de la Transformée
de Laplace
5. Inversion analytique de la Transformée
de Laplace
Tables de Transformées de Laplace
1. Définition de la Transformée de Laplace et conditions d’existence
1.1. Définitions préalables
1.1.1. Une fonction f(t) est dite " continue par morceau " sur un domaine fini
1.2. Définition de la Transformée de Laplace et conditions d’existence
- l’existence de F(p) suppose la convergence de l’intégrale
- on dit que F(p) est " l’image " de f(t)
2. Propriétés de la Transformée de Laplace
On note la
fonction dite " image " de f(t) et la
fonction dite " original " de F(p).
Sous réserve des conditions d’existence, la correspondance
est unique (le calcul de f(t) connaissant F(p)
-retour à l’original- sera examiné plus tard).
2.1. Linéarité
Si alors ; la démonstration est évidente à partir de la définition de la transformée de Laplace.
Exemple : ð où u(t) est la fonction échelon unité.
2.2. Transformée de Laplace de la fonction dérivée
Si f(t) est continue, alors
où
; la démonstration est évidente à partir de la définition.
Plus généralement, si f(t) est discontinue aux points
Les expressions ci-dessus se généralisent aux dérivées
" d’ordre n " et, en particulier, si la fonction f(t) et
ses dérivées sont continues, on obtient :
Exemple : ð
soit
2.3. Transformée de l’intégrale
; on pose
ð
En généralisant, on obtient
Exemple : ð
2.4. Dérivation et intégration par rapport à un paramètre a
Soit ð
d’où
Soit ð
d’où
Exemples :
- ð
- ðð
2.5. Théorème du retard
Soit alors
En faisant le changement de variable, on montre que
Transformée de Laplace d’un créneau unité de
largeur t ; cas limite de la fonction
de Dirac
où u(t) est l’échelon unité. ; Le cas limite où correspond à la fonction de Dirac .
|
2.6. Transformée de Laplace d’une fonction périodique
Soit une fonction f(t) périodique de période T,
on définit
afin de pouvoir écrire
Si G(p) est la transformée de Laplace de g(t),
alors F(p) la transformée de f(t) s’écrit
ð
Exemple : Train d’impulsion de hauteur A, de largeur,
de période T ð
2.7. Théorème de l’amortissement
d’où
Exemple : ð
2.8. Changement d’échelle de temps (similitude)
d’où avec, évidemment, k positif.
Exemple :ð
2.9. Dérivation et intégration de la fonction symbolique F(p)
Exemple : ð
L’équation
devient, dans le cas particulier p = 0,
Exemples :
- ð
- se calcule à partir de dont l’image est ð
- se calcule
à partir de
dont l’image est
ð
2.10. Comportements asymptotiques
Si , alors et on obtient
Exemple : ;
Si ð
2.11. Le Théorème de convolution
On appelle convolution de deux fonctions f(t) et g(t),
la fonction h(t) définie par
que l’on note h(t) = f * g .
Cette opération est commutative, c’est à dire que
On démontre que
Exemple : Calculer l’original de
sachant que
et que
Le théorème de convolution donne
Evidemment, pour cet exemple, il est plus rapide de remarquer que :
(immédiat)
3. Utilisation de la transformée de Laplace à partir des Tables
Dans la pratique, pour un problème donné, on obtient assez
facilement l’image F(p), la véritable difficulté
se trouve dans la recherche de la fonction f(t) origine.
Cette recherche est aidée par l’existence de Tables de correspondances
très complètes qui
s’utilisent comme un " dictionnaire " mais dont la manipulation demande de l’expérience
pour appliquer judicieusement les propriétés de la Transformée.
A défaut de pouvoir appliquer ces tables, il convient d’avoir recours
au théorème d’inversion dontla mise en oeuvre se révèle,
souvent, lourde.
Ce théorème appelé aussi " formule d’inversion
de Mellin-Fourier " s’écrit :
Cette intégrale se calcule à l’aide du théorème des Résidus, est une constante réelle supérieure aux abscisses de tous les points singuliers de F(p). Nous traiterons de l’application du théorème d’inversion dans le paragraphe 5 de ce chapitre, pour la suite immédiate de ce chapitre nous utilisons les Tables de Transformées extraites de l’excellent ouvrage de V. ARPACI " Conduction Heat Transfer " édité chez Addison-Wesley
3.1. Première règle de Heaviside
Soit développable en série de Mac Laurin.
Sachant que ,
on obtient
La correspondance étant réversible, dans la pratique
on recherche un développement en série de F(p)
et on trouve f(t).
Exemple :
On sait que , donc
et par suite
3.2. Deuxième règle de Heaviside
est une fraction
rationnelle, c’est à dire que P et Q sont des polynômes.
On impose que le degré du polynôme Q soit supérieur
au degré du polynôme P.
Il suffit de décomposer F(p) selon les règles
usuelles et de revenir à f(t) par inversion immédiate
de chaque terme.
Exemple 1 : ð
Exemple 2 : ð
3.3. Exemples empruntés à la Conduction de la Chaleur
3.3.1. Remarques générales
ð
Par suite ð voir tables formule n° 30
Soit ð (voir tables)
Ce même problème traité par la transformée de Laplace
donne .
La fonction origine (qui est la série ci-dessus) ne se trouve pas dans
les tables et son calcul nécessite l’utilisation du théorème
d’inversion.
Une méthode intéressante consiste à faire un développement
en série de l’image .
ð
L’original figure dans les tables.
Cette dernière solution est adaptée aux les temps faibles pour lesquels le développement en série peut être limité aux premiers termes si L est suffisamment grand, soit aussi t suffisamment petit.
; ;
;
Une recherche de la solution sous la forme conduit
à :
On obtient
Pour trouver , on utilise la technique de la transformée de Laplace.
, soit encore
On en déduit et
ð
L’original de se calcule à partir de la formule n° 43 des tables et du théorème de l’amortissement.
Ainsi,
3.4. Comportement des solutions pour les " faibles " temps ou pour les temps " suffisamment élevés "
On rappelle les théorèmes (valables si les limites existent) : et si bien que l’original de la transformée obtenue en faisant p grand donne le comportement pour les faibles temps (c’est à dire aussi pour les milieux semi-infinis) et que l’original de la transformée obtenue pour p faible donne le comportement pour les temps élevés.
On comprendra l’intérêt de ces propos sur un exemple.
Exemple : correspond à la transformée de Laplace d’un mur initialement à température de référence, soumis sur sa face x = 0 à un échelon de température dont on maintient la face x = L à la température de référence.
Il existe plusieurs méthodes approchées pour calculer
la valeur numérique de l’original f(t) à partir
de sa transformée F(p). Dans le cas de fonctions f(t)
monotones
la plus simple est la suivante :
où il
suffit de remplacer la variable p par
pour obtenir f(t) avec une excellente précision. On trouvera
ci-après les valeurs numériques .
= 0,0833333333 | = -32,08333333 | = 1279,000076 |
= -15623,66689 | = 84244,16946 | = -236957,5129 |
= 375911,6923 | = -340071,6923 | = 164062,5128 |
= -32812,50256 |
Cette technique, que nous avons utilisée à maintes reprises,
est très performante dans des situations complexes où il
est " impossible " d’obtenir une solution exacte.
Pour permettre au lecteur d’en juger, nous prenons l’exemple d’un tube métallique
de rayons intérieur et extérieur respectivement égaux à
et . Les
échanges de chaleur sur la face extérieure du tube sont caractérisés
par un coefficient h et une température du milieu extérieur .
A l’intérieur, un milieu conductif de conductivité thermiqueest
en contact parfait avec le tube (sous certaines conditions, le milieu à
l’intérieur du tube peut être un fluide au repos).
Nous considérons que les échanges de chaleur sont radiaux
et supposons la paroi du tube métallique suffisamment faible pour
négliger les gradients de température dans celle-ci.
Le système à résoudre est le suivant :
où diffusivité
du milieu conductif, ,
et .
On obtient sans difficulté .
On conçoit facilemment que, aussi simple que soit ,
l’original ne se trouve pas dans les Tables et que l’inversion analytique est,
évidemment, très lourde.
Par contre, l’utilisation de l’inversion numérique se montre
particulièrement efficace.
5. Inversion analytique de la Transformée de Laplace
Si est
la transformée de Laplace de ,
on démontre réciproquement le théorème d’inversion
appelé " formule d’inversion de Mellin-Fourier " :
Dans cette formule, l’intégration est effectuée sur la droite du plan complexe . Cette droite laisse à sa " gauche " tout point singulier de |
5.1. Rappels sur les fonctions de la variable complexe
En effet
La valeur est aussi acceptable pour si bien que : Il existe donc deux expressions de et la fonction est multiforme. Dans le plan , si on choisit , alors . |
Si on fait un tour complet autour de l’origine O, c’est à dire si fait un tour complet pour revenir au point de départ, alors et .
Exemple 2 : la fonction est multiforme
En effet, nous pouvons choisir
puisque
quelque soit k entier.
Ainsi a
une infinité de valeurs.
Partant de P0 , chaque fois que l’on
fait un tour autour de O, la détermination change.
De manière générale, pour éviter ce problème
et rendre la fonction uniforme (c’est à dire à valeur unique),
on pratique une coupure dans le plan complexe comme indiqué
sur la figure dans le cas du contournement du point origine.
Ainsi partant de P0 , on décrite la courbe fermée (G) pour revenir en P0 et reprend sa valeur initiale en évitant le saut de . |
5.2. Le théorème des résidus
Soit, dans le plan complexe, un domaine (R) délimité par
le contour fermé (G).
Si, en ,
il existe, pour la fonction ,
un pôle d’ordre k, le théorème des résidus
permet d’écrire
Il s’agit de calculer
dans le plan complexe (voir figure 1).
La droite verticale (B) d’abscisse (réel)
sera prise telle que
soit suffisamment grand pour que toutes les singularités de
se trouvent à sa gauche.
5.3.1. Cas n° 1
est holomorphe
exceptée en des points singuliers qui constituent les n pôles
situés à gauche de la droite (B). Cette circonstance, pour les
problèmes de Conduction de la Chaleur, se produit généralement
dans les milieux limités.
On utilise le contour fermé (G)
constitué de la droite (B) et du cercle (C) de centre O et de rayon
L où L et
sont choisis de telle sorte que le contour contient tous les pôles.
|
Si nous faisons tendre L vers l’infini, l’intégrale suivant (C) portion de cercle de rayon L tend vers 0 et on obtient de la fonction .
Exemple : ð
Les pôles sont et qui sont des pôles simples.
On utilise et on obtient :
Finalement,
5.3.2. Cas n° 2
Au cas n° 1, il convient d’ajouter un branchement en
Le contour (G) devient
constitué de (B), (C’), (D’), (C0),
(D’’) et (C’’).
Lorsque nous ferons tendre L vers l’infini, les intégrales suivant les portions de cercle (C’) et (C’’) tendront vers 0. Par contre, il conviendra de calculer les autres intégrales et le calcul devient très lourd. En Conduction de la Chaleur, ce cas se produit pour les milieux semi-infinis. On comprendra tout l’intérêt des tables pré-établies dans le cas de résolution par la transformée de Laplace. |
Pour illustrer nos propos, nous prenons l’exemple de pour lequel le pôle est un point de branchement. Après un long calcul, on peut montrer que l’original est .
Tables de Transformées de Laplace