Table des matières
Joindre l'auteur

Notions simples de Mécanique du solide
 
Plan

1. Définition d'un solide. Degrés de liberté
2. Distribution des vitesses dans un solide
3. Composition des mouvements
4. Eléments cinétiques d'un solide
5. Forces s'exerçant sur un solide
6. Dynamique du solide

Les illustrations et animations de Geneviève Tulloue

Angles d'Euler   
Mouvement de précession   
Composition des mouvements (1)   
Composition des mouvements (2)   
Composition des mouvements (3)   
Roulement sans glissement (1)   
Roulement sans glissement (2)   
Roulement sans glissement (3)   
                                                     CABRI

1. Définition d’un solide. Degrés de liberté

Un solide est un corps dont les différents points restent à des distances constantes les uns des autres au cours du mouvement.

Un solide pouvant se mouvoir librement a sa position déterminée par la donnée de six paramètres : la position d’un point (trois coordonnées) et trois angles qui, dans le cas général, sont les angles d’Euler et, plus souvent, des angles adaptés au solide (par exemple pour un bateau, des angles correspondant au changement de cap, au tangage et au roulis).
On dit que, dans le cas le plus général de mouvement, le solide possède six degrés de liberté.
Des liaisons peuvent réduire les mouvements possibles et, en conséquence, diminuer le nombre de degrés de liberté ; ainsi un solide en rotation autour d’un axe fixe a un degré de liberté.

2. Distribution des vitesses dans un solide

2.1. Mouvements particuliers

Translation : à chaque instant, tous les points d’un solide ont même vitesse.
quelques soient A et B appartenant au solide.
 
Rotation autour d’un axe fixe D : L’intensité de la vitesse du point M appartenant au solide, situé à la distance de l’axe de rotation, est égal à . Sa direction est dans le plan perpendiculaire à l’axe de rotation, tangentiellement au cercle de rayon OM.
En introduisant un vecteur rotation  où  est le vecteur unitaire de l’axe de rotation, on peut écrire :

Dans cette dernière relation, on remarquera que le point O est quelconque sur l’axe de rotation.

2.2. Mouvement général d’un solide

Soient deux points A et B quelconques d’un solide.
ððð
Cette dernière relation est caractéristique d’un torseur ( ensemble d’un champ de moments et d’un vecteur résultant) et le champ de vitesse est donné par la relation :
 

Remarques sur la distribution des vitesses dans un solide

Le champ de vitesses dans un solide est un champ de moments dont le vecteur résultant est le vecteur rotation . A chaque instant, le mouvement dans un solide se décompose en un mouvement de translation de direction le vecteur rotation et en une rotation autour de cette direction.

3. Composition des mouvements

En Mécanique du solide, la composition des mouvements prend une importance particulière, le référentiel relatif a pour origine un point particulier G que nous définirons comme étant le centre de masse et les axes Gxyz respecteront les éventuelles symétries du solide.
 
Le mouvement de tout point A du solide peut être analysé dans le référentiel  (mouvement absolu) d’origine  ou dans le référentiel  (mouvement relatif) d’origine G.
Les rôles de ces deux référentiels sont interchangeables en cinématique, cependant dans le cadre de la dynamique sera galiléen.

Un point A’, coïncidant au temps t avec le point A, fixe dans le référentiel  a un mouvement, appelé mouvement d’entraînement, dans le référentiel 
ð


La vitesse absolue (dans le référentiel ) est la somme de la vitesse d’entraînement et de la vitesse relative (dans le référentiel )

L’accélération absolue est la somme de l’accélération d’entraînement, de l’accélération relative et d’un terme appelé accélération de Coriolis, résultat d’un couplage entre le mouvement d’entraînement et le mouvement relatif.

Interprétation du terme de Coriolis en termes de champ de vitesses dans un solide
Si nous remarquons que dans le référentiel , les points O, I, J, K sont à distances constantes et peuvent être considérés comme des points d’un même solide, alors on peut écrire :
et  où  représente le vecteur rotation du mouvement d’entraînement (c’est à dire de  par rapport à )

Opérations de dérivation
Soit un vecteur quelconque 

Le référentiel de dérivation doit être précisé. Par défaut, il s ‘agit du référentiel .

Composition des vitesses angulaires

Soient deux points quelconques A et B du solide pour lesquels nous écrivons les vitesses absolues, d’entraînement et relatives.


ð cette relation nous montre que l’on peut décomposer un mouvement de rotation en rotations autour d’axes connus.

Les angles d’Euler

Ils permettent la " transformation " du référentiel OXYZ en référentiel Oxyz, parallèle à Gxyz.
 
Les angles  sont les trois angles d’Euler. Ils portent des noms liés à leur application en Astronomie :  est l’angle de précession,  l’angle de nutation et  l’angle de rotation propre.
On a souvent besoin d’écrire le vecteur rotation  dans la base du référentiel  [].
Compte tenu des angles d’Euler, ce vecteur peut être écrit 
Par projection, on montre que :
;

4. Eléments cinétiques d’un solide

Un solide peut être constitué par une distribution discrète de masses ponctuelles ou par une distribution continue de masses. Dans ce dernier cas, on définit la masse volumique dm est la masse contenue dans le volume élémentaire dV.

4.1. Masse. Centre de masse

La masse du solide est définie par , le centre de masse (ou centre d'inerrtie) par  (C point quelconque)

4.2. Torseur cinétique

Résultante cinétique

La résultante cinétique (ou quantité de mouvement total) est égale à la quantité de mouvement qu’aurait le centre de masse affecté de toute la masse.

Moment cinétique

Il découle, par application directe des définitions, que  relation appelée relation de transfert du torseur entre les points C et D.

Moment cinétique par rapport à un axe D

Soit le vecteur unitaire de l’axe D et E un point de cet axe.
Par définition, le moment cinétique par rapport l’axe D est égal à  .
On montre, par application directe des définitions, que ce résultat est indépendant du point E appartenant à D. Ainsi, si F est un autre point de D, :

4.3. Torseur dynamique

Résultante dynamique

Moment dynamique

Il découle, par application directe des définitions, que  relationde transfert du torseur entre les points C et D.

4.4. Torseur dynamique et torseur cinétique

Il existe des cas où la dérivée du moment cinétique est égale au moment dynamique :
- C fixe (généralement )
ou 

4.5. Energie cinétique

4.6. Théorèmes de Koenig

4.6.1 Référentiel barycentrique

On appelle référentiel barycentrique  un référentiel d’origine le centre de masse G en translation par rapport au référentiel 
Par suite,  où . De même, 

Par définition du centre de masse ð

La résultante cinétique est nulle dans le référentiel barycentrique.

4.6.2. Premier théorème de Koenig

où  (démonstration : application directe des définitions)

Le moment cinétique d’un solide est égal à la somme du moment cinétique du centre de masse affecté de toute la masse du solide et du moment cinétique du solide par rapport au centre de masse évalué dans le référentiel barycentrique.

4.6.3. Deuxième théorème de Koenig

(démonstration : application directe des définitions)

L’énergie cinétique d’un solide est égale à la somme de l’énergie cinétique du centre de masse affecté de toute la masse du solide et de l’énergie cinétique du solide correspondant à son mouvement dans le référentiel barycentrique.

4.7. Cas particulier du solide en mouvement autour d’un axe fixe D

4.7.1. Moment cinétique par rapport à l’axe D

Soit le vecteur unitaire de l’axe D, O un point de l’axe et A un point quelconque du solide.

où  est la distance de A à l’axe D.

est appelé le moment d’inertie du solide par rapport à l’axe D.
 
4.7.2. Théorème d’Huygens

Par le centre de masse G, on trace un axe parallèle à D.
H et H’ sont les intersections des deux axes avec un plan perpendiculaire à ces axes passant par A.

ð où est le moment d’inertie par rapport à l’axe parallèle à D passant par G et  la distance entre les deux axes.
Ce résultat constitue le théorème d’Huygens, souvent utilisé pour calculer des moments d’inertie.

Le calcul des moments d’inertie pour des barres, des cylindres ou des sphères est à connaître. Le lecteur doit savoir démontrer que les moments d’inertie :
- d’une tige homogène de longueur l, de masse m, de section négligeable, par rapport à un axe perpendiculaire à la direction de la tige passant par son centre de masse 
- d’un cylindre plein homogène, de rayon R, de masse m, par rapport à son axe de révolution 
- d’une sphère pleine homogène, de rayon R, de masse m, par rapport à un diamètre 

4.7.3. Moment dynamique par rapport à l’axe D

et 

Par suite, 

4.7.4. Energie cinétique

4.8. Solide en rotation autour d’un point fixe O (ou mouvement du solide dans le référentiel barycentrique, G = O). Opérateur d’inertie.

4.8.1. Moment cinétique par rapport en O

Soit A un point quelconque du solide. 


Si dans la base cartésienne habituelle, on écrit :

on obtient  et 

avec 

Ces relations peuvent être écrites sous forme matricielle.

soit aussi 

4.8.2. Tenseur d’inertie

La matrice  fait correspondre à tout vecteur  un vecteur  et ceci indépendamment du repère choisi. Cette matrice possède un caractère géométrique intrinsèque qui implique des propriétés bien particulières de transformation des ses coefficients (symétriques par rapport à la diagonale) vis à vis d’un changement de repère.
C’est pourquoi, on donne à  le nom de tenseur d’inertie. Il est appelé tenseur central d’inertie si le point O coïncide avec le centre de masse G.
 
Nous pouvons appliquer les propriétés du calcul matriciel, en particulier la diagonalisation dans les directions propres de la matrice appelées, par définition, axes principaux du solide.

Le tenseur est alors appelé tenseur principal d’inertie et tenseur central principal d’inertie si le point O coïncide avec le centre de masse G.
Dans un certain nombre de problèmes simples, les axes principaux sont facilement repérables par l’étude des symétries du solide.

Exemples
 
Tenseur central principal pour un cylindre homogène de masse m, de rayon R, de hauteur h, d’axe de révolution autour de l’axe Gz.

Tenseur principal pour un cône homogène de masse m, de rayon à la base R, de hauteur h, de sommet O, de révolution autour de l’axe Oz.

Tenseur central principal pour une sphère homogène de masse m, de rayon R.

Tenseur central principal pour un ellipsoïde homogène de masse m ().

; ;

4.8.3. Energie cinétique

Sous forme matricielle, ce résultat peut être écrit :  où la matrice uniligne  est la matrice transposée de la matrice unicolonne .

4.8.4. Moment dynamique. Energie cinétique

si O est fixe ou se confond avec le centre de masse G.
Soit  un référentiel d’origine O lié au solide et dont les axes coïncident avec les axes principaux. On appelle  les vecteurs unitaires de ces axes.
La vitesse angulaire du référentiel  dans le référentiel absolu  se confond avec la vitesse angulaire du mouvement d’entraînement ð

4.8.5. Calcul du moment d’inertie par rapport à un axe quelconque. Calcul des produits d’inertie.

Soit  défini dans des axes principaux et  défini dans un repère quelconque.

Soit  la matrice rotation associée au changement de repère ð et 

ð

5. Forces s’exerçant sur un solide

Outre les forces de champ (pesanteur, gravitation, électrostatique), interviendront les forces dues aux liaisons qui limitent les possibilités de mouvement du solide. Ces forces constituent l’ensemble des forces extérieures qui s’exercent sur le solide.
A ces forces, il convient d’ajouter les forces intérieures qui assurent la cohésion du solide.

5.1. Champ de pesanteur uniforme 

Le poids sera défini par 

Moment des forces de pesanteur

5.2. Liaison par contact direct entre deux solides
 
Soit I le point de contact, à l’instant t, entre les deux solides notés  et .

On définit  et .

Le lecteur pourra considérer que  est mobile et est fixe (en fait, seul le mouvement relatif intervient).

Le mouvement de  peut être un mouvement de glissement, de roulement (rotation autour de l’axe T de vecteur unitaire  du plan tangent aux deux solides) et/ou 

de pivotement (rotation autour de l’axe normal N de vecteur unitaire ).
On appelle vitesse de glissement, le vecteur .
En absence de glissement, . Le roulement sans glissement est un cas courant très important où cette condition s’applique.

Lois du frottement de Coulomb
A cause de l’impénétrabilité des solides, le solide  exerce sur le solide  une force  (évidemment la réciproque est vraie, les deux forces obéissant au principe de l'action et de la réaction).
Les aspérités (rugosité des états de surface des solides) empêchent les mouvements relatifs.
D’une manière générale, les effets des forces qui s’opposent au roulement ou au pivotement sont faibles devant les effets des forces qui s’opposent au glissement et nous n’étudierons que ces dernières.
Le solide  exerce sur le solide  une force  qui s’oppose au glissement.
Si , alors f est le coefficient de frottement qui dépend en particulier de l’état des surfaces en contact.
Si , alors 
Généralement on prend  même si, dans la réalité  est supérieur à f.
est l’ensemble des réactions en I sur . Bien sur,  sera l’ensemble des réactions en I sur .

Travail des forces de frottement


Le travail des forces de frottement est négatif ou nul. Il se traduit par des pertes d’énergie mécanique.
Le cas du roulement sans glissement correspond à un travail des forces de frottement nul.

6. Dynamique du solide
Les forces extérieures sur un élément i sont notés , celles intérieures  (l’indice j signifie que cette force est due à un élément interne j).
On se place dans un référentiel galiléen d’origine O noté .
Remarque : pour une meilleure clarté de la présentation sur les forces intérieures, nous utilisons la notation plutôt que la notation .

6.1. Théorèmes généraux de la dynamique du solide (ou principe de la dynamique du solide)

Résultante dynamique

est la résultante des forces extérieures, nous la noterons 

Moment dynamique

en faisant attention de ne compter qu’une seule fois les termes de la double sommation.


Il y a deux points de vue :


Remarques :

Nous avons vu en 4.4. que 

Cette relation appliquée en  ou  est facile d’emploi puisque
ou 

[en notant que ð]

  • En un point mobile C, nous préférons, à l’utilisation de la formule du paragraphe 4.4, le calcul du moment dynamique par la relation de transfert à partir du moment dynamique en G, à savoir :
  • 6.2. Le théorème de l’énergie cinétique

    fait apparaître des termes puisque la distance de deux points quelconques d’un solide est constante.

    Ainsi, est le travail élémentaire des forces extérieures.

    Soit, après intégration, (travail des forces extérieures)

    Ce résultat constitue le " théorème " de l’énergie cinétique pour un solide.

    6.3. Remarque sur la conservation de l’énergie mécanique

    Comme nous l’avons fait en dynamique du point, on peut séparer les forces extérieures en forces conservatives qui dérivent d’une énergie potentielle et en forces non conservatives.
    On obtient .
    Les forces non conservatives sont les forces d’opérateur extérieur ou les forces de frottement.

    Le travail des forces de frottement est nul :

    C’est un résultat important, car en l’absence de forces d’opérateur extérieur, l’énergie mécanique se conserve. Son écriture fournit directement une intégrale première du mouvement et permet, généralement de se passer du théorème du moment dynamique

    6.4. Ecriture générale du travail des forces extérieures